L'œuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique.

Quelques obligations familiales chronophages sont la cause du "standby mode" de ce blog depuis quelques mois. Je prie les abonnés à la newsletter de bien vouloir m'en excuser(*).

 

A la bibliothèque du MUCEM, je suis tombé par hasard sur cet essai dont la première version date, à ma grande surprise, de 1935. Il aborde un sujet difficile : le bouleversement de la notion d'art avec la naissance de la photographie et du cinéma. Il ne répond pas à des questions, mais nous permet de mieux comprendre certaines notions (l'art et l'esthétique ou la politique, la popularité etc...).

En voici un extrait significatif :

   "  Alors que l'on s'était déjà perdu en vaines subtilités quant à savoir si la photographie était un art - sans s'être préalablement demandés si ce n'était pas la nature elle-même de l'art qui avait été transformé avec l'invention de la photographie -, les théoriciens du cinéma reprirent bientôt à leur compte, et de manière prématurée, la même interrogation. "

 

Ce n'est pas le titre qui m'a attiré en premier lieu, mais j'ai immédiatement reconnu le regard bleu  de David Hemming, (anti)héros du film "Blow up" (1967) d'Antonioni qui raconte une tranche de vie d'un photographe de mode londonien inspiré de la vie de David Balay.

 

Le photographe ou vidéaste amateur ne regarde plus vraiment les images comme un spectateur Lambda, pour la simple raison qu'il en connait plus ou moins les coulisses....

 

Ci-contre l'affiche du film, extraite d'une scène particulièrement explicite sur une façon de sublimer le jeu d'une actrice ou la pose d'un modèle. Ici, le photographe l'exhorte à rayonner de sensualité.

 

Le film décrit les interactions du photographe et de la société  sur divers plans : politique, mœurs, tradition, mode... Depuis, la popularité des images de stars photographiées dans une attitude de séduction (un regard envoutant, ou au contraire fuyant mais une exposition sensuelle du corps) m'a toujours laissé perplexe. Il est facile pour un simple photographe amateur de se replacer dans le contexte de la réalisation de la photo : le sujet regarde  un objectif de verre froid et inerte (ou s'expose devant). Au moment de l'enregistrement, tout est donc complètement artificielle, ce n'est qu'un jeu d'acteur.

 

L'immense majorité des spectateurs se laissent-ils encore de nos jour, piéger par un mensonge aussi trivial?

 

Tant que la communauté de photographes (ou vidéastes) est restée réduite à une petite élite, on pouvait s'y attendre, et bon nombre d'entreprises en ont fait leurs choux gras, mais aujourd'hui la quasi totalité de la population  fait l'expérience du passage derrière l'objectif, même dans les pays dit émergents, au moins avec un smartphone, et devient parfois "photographe-modèle" lors d'un selfie!

 

Dans un tel contexte (et bien d'autres), pensent-ils encore qu'il existe une photographie témoignant d'une quelconque vérité (authenticité)? 

 

 

 

(*) Profiter des nouvelles technologies du numérique pour aborder de façon simple la photographie reste une de mes préoccupations principales. La consultation de livres de cours et conseils en ligne sur des blogs spécialisés m'a convaincu que c'était une priorité : une vidéo qui pour une fois n'appartient pas à une chaine Youtube donne des conseils assez proches de ce que j'avais imaginé, mais dans un ordre de priorité très différent. J'en ai conclu qu'il n'était pas forcément utile de structurer le sujet de façon particulière. Je remanie donc complètement l'article.