La préparation à la prise de vue :

 

Tout commence à la maison (le débutant et l'étourdi feront une checklist).

 

1) JE SÉLECTIONNE :

Le boitier, l'objectif, le filtre, le flash, le trépied, la carte et la batterie de secours...

Ah ben, justement a minima, il y a 7 trucs, mais comme les sept nains de Blanche-neige, on en oublie toujours un.

Bon, il peut être nécessaire de s'équiper de matériel spécialisé, mais restons dans le simple. D'ailleurs la liste proposée n'est pas une obligation, dans de nombreux cas, on n'a pas besoin de tout ça. Par exemple, j'ai toujours au moins un APN avec moi (où que j'aille), je ne sais donc pas toujours à quoi il va servir.

La plupart du temps, je prends le minimum capable de faire le maximum.

 

 

2) JE VÉRIFIE QUE TOUT EST EN ÉTAT DE FONCTIONNER  :

- Batteries chargées, cartes vides.

- Le matériel doit être réglé pour ce qu'il est prévu de faire : macro, portrait, paysage...

- Pour les même raisons, je choisi un ou des objectifs.

 

 

3) J'ARRIVE SUR PLACE : je vise n'importe quoi, et déclenche jusqu'à me sentir dans un état un peu particulier. J'aurais dit aux aguets, mais ce n'est pas exactement ça, il faut être comme le marin quittant le port, qui prend le vent, observe la marée etc... concentré en toute sérénité.

 

 

4) LA PRISE DE VUE PEUT COMMENCER :

L'angle de champ et le cadre étant des éléments liés, la focale est choisi avant même de saisir le boitier (même s'il est équipé d'un zoom). Tant que cette façon de faire n'est pas complètement intégrée, la pratique se rapproche plus de la "piraterie" que de la "photographie".( Explication détaillée ici.)

 

Je dis piraterie parce que faire un cliché sans se préoccuper ni du "Point de Vue", ni de la perspective, c'est agir comme un pirate : piller des trésors sans même se préoccuper de quoi il s'agit (si on le fait au dernier moment, ce qui n'est pas toujours possible, c'est bâclé). Généralement, les images qui en découlent, ressemblent à des documents illustrant un rapport technique. J'en ai fait pas mal durant ma carrière, ça n'a rien de passionnant.

 

Pour espérer provoquer une émotion particulière, il faut d'abord choisir un point de vue constitué de 3 éléments : le lieu où vous posez les pieds, la hauteur et l'orientation de la visée.

 

Là, j'utilise un "truc" : la focale montée sur le boitier est choisie de sorte que l'image dans le viseur et l'image réelle soient les mêmes, c.à.d qu'en collant un œil au viseur et en gardant l'autre ouvert les deux images se superposent (un léger décalage est sans importance). Ainsi, on détermine très rapidement ces 3 éléments sans beaucoup d'entrainement pour s'habituer à son matériel. Par exemple, en photo de rue : vous devez toujours être au cœur de l'action (même s'il ne se passe rien, si je puis dire). Vous finissez par vous placer au bon endroit, au bon moment, parce que votre instinct vous pousse à le faire.

 

Lorsqu'on utilise une focale longue, les plans successifs semblent plus rapprochés que dans la réalité (plus éloignés avec une focale courte), il faut donc une certaine habitude pour construire l'image dans sa tête avant de vérifier en visant que c'est bien celle qu'on veut. Au début, il faut donc respecter un principe : utiliser tout le temps la même focale avec le même viseur.

 

 

 

POURQUOI IMAGINER LA PHOTO AVANT DE REGARDER DANS LE VISEUR?

C'est une pratique courante en sport : c'est le coureur qui a parfaitement imaginé sa course qui la gagne.

La photographie n'est pas une discipline sportive (quoique, parfois...) mais j'y ai trouvé beaucoup de points communs, en tout cas, avec celles que j'ai pratiquées.

Cette méthode permet d'être très rapide! Le facteur temps est important. Pour réaliser "LE" cliché, on en a pas toujours beaucoup ; même dans un paysage, la position des nuages change rapidement et l'orientation du soleil peut modifier l'ambiance plus vite qu'on ne le croit. Alors pendant un spectacle, une fête où tout change si vite... Il faut être prêt avant tout (en arts martiaux on utilise un terme japonais "sen no sen" qui veux dire littéralement être prêt "avant le commencement").

 

Pour me sentir à l'aise, je ne change pas de focale ou le moins souvent possible.

Ainsi, j'établis plus rapidement une correspondance entre la réalité que j'ai sous les yeux et l'image virtuelle que je veux créer. Je ne change de focale qu'en cas de force majeur, par exemple, si pour une raison quelconque, mes déplacements sont limités. A l'évidence, on utilise une longue focale lorsque le sujet est loin et impossible à approcher, et une focale courte pour embrasser un champ large ou que l'on manque de recul.

 

 

 

POURQUOI J'AI PROSCRIT LE ZOOM?

Il y a plusieurs raisons :

 1 - Il est généralement impossible de choisir sa focale au moment de viser, c'est trop tard, on perd un temps précieux et/ou on n'y arrivera peut être pas. Rassurez-vous, lorsqu'on a l'habitude d'utiliser un objectif fixe, on se place "instinctivement" (donc très rapidement) au point de vue idéal.

 2 - Les zooms manquent de luminosité. Cela peut être un problème quand on manque de lumière, mais ce n'est pas le pire des handicaps. C'est la suite...

 3 - Lorsque l'ouverture maxi est f4 (voire moins) il sera de toute façon difficile de fermer au delà de f11 à cause de la diffraction. En conséquence, le choix de PdC est restreint. Cela n'a pas d'importance pour photographier un objet plat (une affiche par exemple) mais généralement, il y a plusieurs plans, et il est utile de pouvoir choisir ceux qui seront dans le champ de netteté et ceux qui ne doivent pas l'être.

Un zoom d'une ouverture f2,8 coute très cher et c'est souvent loin d'être suffisant pour obtenir la PdC voulue.

 4 - Enfin, en règle générale, les zooms ont des défauts optiques plus importants que les objectifs fixes. Pour n'en citer que quelques uns :  vignettage, distorsion, faible piqué... Ces défauts apparaissent plutôt aux focales extrêmes.

Au final, le zoom est un objectif beaucoup moins "universel" et moins pratique que la rumeur le prétend.